Les élèves territoriaux de la promotion Magdeleine Hours - Photo : DR
Formation

La promotion 2023 d'élèves conservatrices et conservateurs du patrimoine porte le nom de Magdeleine Hours

La nouvelle promotion d’élèves conservatrices et conservateurs du patrimoine, accueillie début janvier 2023, a débuté sa formation par un séminaire de quatre jours à la rencontre des principaux acteurs patrimoniaux de la région Grand Est en Moselle et en Meuse (ville de Metz, Centre Pompidou Metz, musée de La Cour d'Or, DRAC, FRAC Lorraine, Communauté d'Agglomération du Grand Verdun, ville de Bar-le-Duc, musée Barrois, Archives départementales de la Meuse).

Les élèves ont choisi de porter le nom de Magdeleine Hours, conservatrice de musées et historienne de l'art française, spécialiste de la restauration des peintures.

« La curiosité est facteur de progrès, c’est indéniable. »
Magdeleine Hours, Une vie au Louvre, 1987, éd. Robert Laffont, chap. 4 : « La renaissance du Laboratoire », p. 83.

La vie de Magdeleine Hours (1913-2005) est marquée par l’engagement pour la valorisation des territoires, la coopération internationale, ainsi que la volonté de transmettre son savoir et son expertise aux publics. Spécialiste des arts du Proche-Orient ancien et de l'analyse scientifique des œuvres, elle figure parmi les premières conservatrices du musée du Louvre. Tout au long de sa carrière, elle met en avant l’exigence scientifique, l’adaptation aux nouvelles technologies et le partage des connaissances. À la tête du Laboratoire du Musée du Louvre pendant plus de trente ans, elle prend part à de nombreux projets d’enseignement et de valorisation scientifique, pour lesquels elle est récompensée par la Légion d’honneur (1959) et la médaille d’or de la Recherche et de l’Invention (1980).

Dès l’âge de vingt ans, la vocation de Magdeleine Hours pour l’art et le patrimoine la pousse à s’inscrire aux cours du soir du Louvre. Un an plus tard, elle entre à l’École du Louvre où elle se spécialise en archéologie du Proche-Orient, tout en complétant sa formation à l’École des Hautes Études d’Histoire et de Philosophie de la Sorbonne. Ces années, riches en rencontres, lui permettent de découvrir le Laboratoire du musée du Louvre, fondé en 1931. Elle décide de poursuivre ses travaux dans le cadre d’une thèse portant sur « les représentations figurées sur les stèles de Carthage » et effectue des recherches épigraphiques à l’Institut de France. À la suite de ce travail, elle devient chargée de recherche au CNRS et réalise de nombreuses publications qu’elle souhaite accessibles à tous. Parmi elles, un « Que sais-je ? » sur Carthage publié pour la première fois en 1949 et, en 1957, un manuel intitulé À la découverte de la peinture par les méthodes physiques. Ce dernier fait écho au cours « d’analyse scientifique des œuvres d’art » qu’elle donne dans le cadre de la formation en muséologie de l’École du Louvre. Ayant toujours à cœur d’ouvrir sa pratique, elle accueille des élèves de l’École polytechnique au sein du Laboratoire et dispense des cours à l’étranger.

Ses savoirs et son engagement sont mis au service du musée du Louvre où elle entre comme chargée de mission en 1937. Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle participe à l’évacuation des œuvres du musée ainsi qu’au déménagement du Laboratoire. A la fin des années 1940, elle est nommée au sein de ce service, dont elle prend la direction deux ans plus tard. Désormais conservatrice du patrimoine, elle continue de porter une grande attention à l’analyse scientifique et à la conservation des œuvres : avec ses équipes, elle étudie par exemple la couche picturale des tableaux par le biais de la radiographie, et mène des études sur la température et l’humidité au sein des salles d’exposition. Elle est au cœur du musée, au plus près des objets, et œuvre à sensibiliser l’ensemble du personnel aux questions de conservation. Le Laboratoire est autant appelé à émettre des avis sur le transport de la Joconde aux États-Unis, puis au Japon, que sur l’authenticité des œuvres proposées à l’acquisition, afin d’identifier les éventuels faux. À partir de 1958, Magdeleine Hours siège à la Commission de restauration, et étend son expertise aux monuments historiques et à l’archéologie. Elle s’y implique notamment dans l’étude des moisissures apparues dans la grotte de Lascaux et dans l’analyse des plaques d’or et d’argent de la Majesté de sainte Foy de Conques. Elle porte aussi un grand intérêt à la documentation et à la conservation des archives, et met en place des méthodes de classement des documents produits, afin d’assurer leur pérennisation et leur consultation.

Les travaux de Magdeleine Hours sont aussi marqués par l’ambition d’ouvrir le Laboratoire du musée du Louvre aux œuvres des musées français : l’objectif est d’en faire circuler les connaissances scientifiques et de mettre à disposition le matériel technologique acquis au fil des années. Ces outils et ces méthodes sont rendus accessibles sur tout le territoire par la création du Labobus : dès 1977, ce laboratoire itinérant voyage de l’Alsace à la Bretagne afin de proposer ses services. Magdeleine Hours a aussi l’ambition d’élargir les horizons et de collaborer avec des institutions extérieures au champ muséal, tel l’Institut Pasteur à partir de 1958.

Dans cette volonté de partager le patrimoine avec le plus grand nombre, Magdeleine Hours assure dès 1949 le commissariat de l’exposition « Œuvre d’art et méthodes scientifiques » au musée de l’Orangerie, qui présente le résultat des recherches menées par le Laboratoire sur quinze chefs-d’œuvre, dont le Saint Jean-Baptiste de Léonard de Vinci. L’accrochage inclut des radiographies qui connaissent un grand succès et des demandes de présentation à l’étranger. Elle poursuit sa démarche en 1980 lors de l’exposition « La vie mystérieuse des chefs-d’œuvre, la science au service de l’art », présentée au Grand Palais, pour laquelle elle s’attache à rédiger de cartels accessibles aux visiteurs. Pour valoriser le patrimoine, elle s’empare aussi des nouveaux médias et prend part, avec le soutien d’André Malraux, à des projets télévisuels. Entre 1959 et 1963, plusieurs millions de téléspectateurs suivent son émission « Les secrets des chefs-d’œuvre », à laquelle succèdent, quelques années plus tard, les « Trésors dans la ville », dont l’objectif est de mettre en avant les musées des régions.

Son engagement à l’international, au sein de l’ICOM, se traduit par sa participation active au groupe de travail sur les laboratoires scientifiques des musées. En 1975, elle rejoint le réseau « Physique, Archéologie, Chimie, Techniques » créé par le Conseil de l’Europe dans le but de partager les connaissances et d’homogénéiser les pratiques. Son goût pour la coopération internationale est reconnu par l’État, qui, dans les années 1970, l’intègre à la délégation française auprès de l’UNESCO. Entre expositions, conférences, enseignements et publications, Magdeleine Hours a laissé son empreinte dans de très nombreux pays.  

C’est cette carrière prolifique, guidée par une grande curiosité et un souci constant d’exigence scientifique et de transmission, qui nous a rendus désireux de faire de Magdeleine Hours la marraine de notre promotion. Les valeurs qui ont structuré son parcours seront de précieux guides tant pour notre scolarité que pour notre carrière future, quel que soit notre domaine d’exercice. L’ambition manifestée par Magdeleine Hours dans son activité de recherche et de médiation nous encourage, nous aussi, à allier goût pour la recherche et partage des savoirs avec tous les publics. Son rôle pionnier dans la promotion des sciences de la matière dans le domaine patrimonial est quant à lui une invitation à garder l’esprit ouvert aux innovations technologiques et à promouvoir l’interdisciplinarité. À son image, nous souhaitons être acteurs de la coopération internationale. Nous nous engageons donc avec joie dans les voies ouvertes par Magdeleine Hours, convaincus que nous aurons toujours à cœur de faire vivre les patrimoines.

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