Méliné Miguirditchian, restauratrice du patrimoine, diplômée de l'INP, a conduit sa thèse sous la direction de Taline TER MINASSIAN, professeur des universités, INALCO et Anna CAIOZZO, professeur des universités, Université d’Orléans.
Elle soutiendra sa thèse à l’INALCO, 2 rue de Lille, 75007 PARIS, le 17 décembre 2025 en salle de Sacy à 10 heures.
Résumé
Le point de départ de ma recherche était d’étudier les images talismaniques d’un corpus de rouleaux protecteurs éthiopiens conservés à l’Institut de recherches sur les manuscrits anciens (Matenadaran) à Erevan en Arménie. Un travail de défrichage des données sur les rouleaux éthiopiens a mis en évidence que mon sujet de recherche, pour diverses raisons, était bien plus complexe que prévu.
Tout d’abord, l’étude des rares publications liées aux images des rouleaux éthiopiens se sont révélées être imprécises et contradictoires pour envisager de les exploiter. Etudier les images du corpus de rouleaux conservés au Matenadaran s’inscrivait alors comme un sujet de recherche sans appui possible sur des travaux précédents menés dans le contexte éthiopien.
Puis, un inventaire des rouleaux mené à l’échelle des institutions publiques européennes a révélé un nombre inattendu de rouleaux : près d’un millier de rouleaux y sont conservés. Aucune de ces collections n’a été étudiée à ce jour. Un rouleau comporte généralement entre trois et quatre images, ce qui implique une estimation quantitative d’images oscillant entre trois et quatre mille pour les rouleaux conservés en Europe. Les images du corpus du Matenadaran sont donc bien loin d’être des images isolées. Bien au contraire, elles sont à penser comme faisant partie d’une masse d’images encore totalement inconnues car aucun récolement de ces images n’a été mené à ce jour.
Le nombre élevé de rouleaux inventoriés indique que la fabrication des rouleaux est une pratique fréquente. Les images étant rattachées aux rouleaux, elles sont une pratique dans l’absolu. Mais il était intéressant de savoir s’il était possible de faire émerger la notion de pratique pour chaque type d’image, à travers la notion de série. Les images des rouleaux issues des publications existantes ont toutes été inventoriées. Ce premier récolement des images talismaniques a porté ses fruits car il a permis de faire apparaître des séries d’images talismaniques basées sur une similitude d’un motif. Ces premiers résultats encore limités laissent à penser que la fabrication de chaque série d’image pourrait être une pratique et qu’il serait alors possible d’étudier et de comparer les images par série.
Ensuite, il était intéressant de se pencher sur le processus de fabrication des rouleaux et la façon dont les rouleaux sont utilisés. Les données sont très faibles à se sujet. Mais malgré tout, avec le peu de données existantes, il a été possible de mettre en évidence que les images sont prises dans un noeud de relations (symbolique, spirituelle, divinatoire, matérielle et rituelle) en lien avec la fabrication des rouleaux et la manière de les utiliser qui restent entièrement à étudier. Face à ce constat, le seul point d’accroche restant pour permettre d’étudier les images dans le contexte éthiopien était les textes talismaniques présents sur les rouleaux. Ecrits en langue gə’əz, leur accessibilité impliquait d’apprendre cette langue pour continuer ma recherche. Une fois cet apprentissage fait, les textes du corpus du Matenadaran ont été transcrits, translittérés et traduits. Ce travail a permis de rendre accessible pour la première fois des textes complets de rouleaux conservés dans une institution publique. Faites d’une succession d’unités textuelles et d’historiolae, ces textes complexes nécessitent d’être pleinement étudiés. Travaillant sur des images talismaniques, c’est-à-dire des images dotées d’une efficacité, cette notion d’efficacité a été recherchée dans les textes puis mise en regard avec les images pour voir si elle pouvait être une piste possible pour commencer à approcher l’étude de l’efficacité des images talismaniques.
Membres du jury
- Rapporteur : Boris ADJEMIAN, directeur de la bibliothèque Nubar de l'UGAB, habilité à diriger des recherches, chercheur associé au CRH (EHESS)
- Rapporteur : Nicolas WEILL-PARROT, directeur d’étude, IVe section EPH
- Membre du jury: Taline TER MINASSIAN, professeure des universités, INALCO
- Membre du jury: Anna CAIOZZO, professeure des universités, Université d’Orléans
- Membre du jury: Serge DEWEL, docteur en histoire, directeur du département Ethiopie, Institut des Chrétiens d’Orient