Concours des conservateurs du patrimoine 2024

Daniel Abidjo, diplômé international

Daniel Abidjo a obtenu le diplôme international d’études en conservation du patrimoine le vendredi 21 juin. 

Daniel Abidjo - Photo : DR

Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je m'appelle Kolawolé Daniel Abidjo et je suis originaire du Bénin. Avant de rejoindre la France pour suivre une formation à l'Institut national du patrimoine (Inp), j’avais un Master 2 en « Patrimoine culturel ». En parallèle de mes études, je travaillais également en tant qu'indépendant et en association. J'ai notamment contribué à l'exposition « Art du Bénin d'hier et d'aujourd'hui : de la restitution à la révélation », l'une de mes dernières activités avant d'intégrer l'Inp. 

Comment avez-vous pris connaissance de l’intégration d’élèves internationaux à la formation des conservateurs de l’Institut National du Patrimoine ? Quelles ont été vos motivations pour y candidater ?

Je n'avais pas connaissance de l'Inp jusqu'à ce que je participe, en avril 2022, à un projet collaboratif sur la contre-enquête de la mission Dakar-Djibouti, initié par le Musée du Quai Branly - Jacques Chirac (MQB) et conduit par Gaëlle Beaujean. Ce projet associe, pour ce qui concerne le Bénin, les universitaires Didier Houénoudé, Zéphirin Daavo et Arthur Vido. J’ai eu la chance et le privilège – alors que je venais de rentrer d’Abidjan où j’avais été invité par Nadine Hounkpatin pour travailler sur l’exposition collective « Mémoria : récits d’une autre histoire » qui s’est tenue au Musée des Cultures Contemporaines Adama Toungara (MuCAT) – d’être associé à la contre-enquête dans plusieurs localités du Sud-Bénin. C’est à cette occasion que l’idée de suivre un parcours à l’Inp m’a été suggérée par Gaëlle Beaujean, qui deviendra plus tard ma tutrice de stage au MQB. On peut considérer que ce travail de terrain au Bénin constitue les prémices de ma formation à l’INP et de mon stage au MQB. J’ai donc été encouragé à postuler par Gaëlle Beaujean et par mes enseignants Didier Houénoudé et Arthur Vido, que je remercie ici pour leur soutien constant. J’ai été accompagné dans cette démarche par l’Institut Français de Cotonou, dont je remercie la directrice, Fabienne Bidou, pour son implication personnelle.

Ma motivation première était de compléter mon Master par une autre formation plus professionnalisante. Il faut dire aussi que cela tombait au moment où les discussions sur la restitution gagnaient en importance. Je m’intéressais à ces enjeux et à toute la dynamique qui se mettait en place autour du sujet.

Vous avez suivi les enseignements du département des conservateurs pendant 18 mois et réalisé un stage, des visites d’institutions patrimoniales, rencontré des professionnels d’horizons divers. Que vous ont apporté ces enseignements et expériences ? Une visite ou une rencontre vous a-t-elle particulièrement marqué ?

La formation à l'Inp m'a offert une compréhension pratique et théorique des métiers du musée et du patrimoine. Mais elle a été avant tout une occasion de découvrir la culture et l’expertise françaises. Mes stages ont été très enrichissants sur les plans scientifique et pratique :

Au Département de la Recherche, de la Valorisation et du Patrimoine Culturel Immatériel (Ministère de la Culture), j’ai participé à des projets d'inscription et de valorisation du Patrimoine Culturel Immatériel.

Au Musée des Confluences, j’ai ensuite contribué à la mise en valeur des collections à travers la documentation et l'enrichissement de la base de données.

Au Musée du Quai Branly Jacques Chirac, où j’ai passé le plus de temps à travailler sur la collecte dahoméenne de la Mission Dakar-Djibouti et sur la biographie du collecteur Christian Merlo. Ce dernier a fait l’objet d’un article publié dans le Carnet de recherche de l'EUR Humanités, Création, Patrimoine de CY Cergy Paris Université, où j'ai également fait un Master 2 "Patrimoine et création par le projet" en parallèle de la formation de l’Inp. J’ai aussi rédigé une note juridique sur la restituabilité des objets prélevés sur le champ de bataille de Cotonou le 4 mars 1890 par Édouard Foa. J’ai contribué à rédiger le cartel de provenance du "plateau de fa" du prêtre Guèdègbé, exposé sur le plateau des collections du musée. Cet objet avait notamment été mentionné par le Président de la République du Bénin le 9 novembre 2021, lors de la finalisation solennelle de la restitution des 26 biens restitués au Bénin. Ce stage a été particulièrement intéressant, dans la mesure où, au-delà même des travaux rendus à l’Inp, j’ai pu m’intéresser à plusieurs autres sujets comme la question du sacré dans les musées, par exemple. Durant cette période, j’ai participé à une étude interdisciplinaire et participative des collections béninoises du Museum de Toulouse. Cette expérience m’a permis de développer de nouvelles approches pour la gestion des collections.

Au Centre Pompidou enfin, je me suis intéressé aux mouvements d’émancipation des Noirs en travaillant sur l'exposition « Paris Noir : de Présence Africaine à Revue Noire (1957-1995) ». A Expertise France (Groupe AFD), j'ai également pu observer les nouvelles formes que prend la coopération culturelle française à l'international, notamment au Bénin à travers l’exemple d’Expertise France (Groupe AFD). Je tiens ici à remercier tous mes encadrants et toutes les personnes rencontrées pendant ces stages.

Mon premier stage au Département de la Recherche, de la Valorisation et du Patrimoine Culturel Immatériel, dirigé par Pascal Liévaux, a été particulièrement marquant, car il a constitué ma première immersion dans le monde de la culture en France. L'accueil chaleureux de ce département m'a donné confiance pour la suite et je les remercie sincèrement pour leur soutien et leur accompagnement.

J’ai aussi apprécié le chantier des collections (INP-EPA) effectué au Bénin en mars 2024 avec les collègues béninois. Ce chantier m’a permis de prendre la mesure des défis qui attendent les musées en construction au Bénin.

Cette formation m’a permis de rencontrer de nombreuses personnes, à commencer par mes camarades de promotion et les membres de l’administration de l’Inp, que je remercie encore une fois. Estelle Leroux et Isabelle Morch, pour nous, les élèves étrangers arrivant à l’Inp, sont le premier contact que nous avons avec l’institution. Je tiens à souligner ici le travail exceptionnel qu’elles ont accompli et qu’elles continuent de faire – avec les autres membres des équipes – pour offrir un meilleur accueil et assurer une bonne intégration des élèves étrangers. Je souhaite également mettre en lumière le travail de Nathalie Halgand et de son équipe, qui assurent aux élèves une excellente documentation. Merci beaucoup !

Quel bilan tirez-vous de cette expérience ?

Je tire un bilan très positif de cette expérience. Le métier de conservateur est en constante évolution, et la capacité à critiquer et à remettre en question nos connaissances et pratiques est essentielle pour progresser. Cette formation et ces stages m'ont non seulement permis d'acquérir des compétences techniques et théoriques, mais m'ont aussi ouvert à de nouvelles perspectives culturelles et professionnelles. Je me sens désormais mieux préparé à m'adapter aux différents contextes que je rencontrerai à l'avenir, et je suis motivé à continuer à apprendre et à m'engager activement dans la conservation, la préservation et la valorisation du patrimoine.

Propos recueillis le 10 juillet 2024.

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